DEMOCRATIE PHILOSOPHIE LAÏCITE

DEMOCRATIE PHILOSOPHIE LAÏCITE
Conférence faite dans le cadre de l’anniversaire
des 70 ans de l’existence de l’AMICALE LÄIQUE DE CHALAIS par André DOUVIER
INTRODUCTION:
Pourquoi proposer ces trois mots, ces trois concepts, ces trois institutions et pourquoi dans cet ordre ?
Vous verrez, nous verrons tout au long de cette conférence qu’ils sont bien plus étroitement liés qu’on ne le croit habituellemnt. LE BUT ET LA METHODE de cette conférence ne font qu’un en voulant vous montrer dansl’histoire et par l’histoire de l’Europe que la liaison et les rapports entre ces trois institutions sont plus nécessaires et forts que nous le pensons odinairement.
A -LIAISON ORGANIQUE ENTRE DEMOCRATIE ET PHILOSOPHIE EN GRECE ANTIQUE
En effet deux choses doivent attirer notre attention dans l’ antiquité grecque :
– d’une part la création et le fonctionnement de la cité-Etat démocratique instaurés progressivement en Grèce antique du VIIe au Ve siècles avant J.C.
– et d’autre part après un siécle d’existence le commencement d’une critique déjà operée sur son fonctionnement et ses institutions par certains de ses membres à Athènes dès la fin du Ve siècle et au 4 ème siècle comme Socrate, Platon, Thucydide et Démosthènes . Cette critique que nous pouvons déjà reconnaître et appeler auto-critique, i.e critique exercée vis à vis de soi-même, i.e. vis-à-vis de ses propres activités politiques, notamment de ses propres dérives qui ont mené à son affaiblissement et même à sa dissolution en tant que cité-Etat démocratique indépendant(e) qui assurait sa propre politique intérieure et extérieure, cette critique marque très nettement la naissance de la philosophie en Occidentcomme discipline de savoir; car elle est capable non seulement de penser rationnellement mais de se prendre elle-même comme objet pour s’analyser, se réfléchir à l’exemple, à l’image de l’activité débattante, du débat public et ouvert au sein de l’assemblée athénienne et qui avait pu montrer déjà que ce qui était pensé et exprimé, dit, pouvait et devait au cours du déroulement du débat mené par les différentes parties du peuple être perçu et considéré comme un ou des objets pour la pensée et que l’on pouvait toujours améliorer ou remettre en question .
Cette expression des idées, des opinions, des pensées produite par les débats menés par les différents orateurs pendant les assemblées du peuple athénien favorisa et renforça l’objectivation par le langage de la pensée en général et cela d’un double point de vue :
- l’un regardant vers une objectivation grossière, superficielle et négative qui trop souvent déformait la réalité des choses par une présentation apparente de celle-ci et par des sophismes, i.e. des raisonnements faux; on pourrait parler de fake si on ne faisait pas un anchronisme par rapport à cette époque ; – l’autre, regardant cette objectivation de la pensée des citoyens par leurs discours et leurs débats d’une façon profonde en les questionnant et en les analysant a ainsi
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contribué positivement par une distance critique à créer la réflexion rationnelle questionnante et argumentative ou démonstrative, en un mot la philosophie. Cette situation qui se reproduisait à chaque assemblée régulière du peuple athénien ( pas moins de 3 fois par mois), constitua progressivement donc le creuset de la naissance de la phlosophie , pensée rationnelle et critique qui sait déjà que la vérité est plurielle et non monolithique et que bien penser, i.e. penser avec prudence , courage et sagesse, ce n’est pas tomber pécipitamment dans des jugements à la va-vite et à l’emporte-pièce qui se voudraient donner comme seuls vrais et définitifs Elle sait, la pensée philosophique, que penser et débattre et dialoguer, ce n’est pas ériger des dogmes absolus.
Nous pouvons donc déjà ici conclure que sans cette activité démocratique de gouvernement du peuple par lui-même et qui comprenait nécessairement le débat public et ouvert dans ses assem-blées populaires périodiques, la pensée dialoguante n’aurait pas pu naître et se constituer peu à peu déjà en Grèce antique et nous le verrons plus tard, dans l’Europe moderne dès le 17e siècle, notam-ment en Angleterre où le parlement pris un rôle de plus en plus important face aux monarques absolus.
B- RETOUR ET REJAILLISSEMENT DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE ET INSTAURATION PROGRESSIVE D’UN DEBAT SUR LE FONDEMENT DES INSTITUTIONS POLITIQUES
L’humanité européenne, après s’être enfoncée, à la chute de l’empire romain dans des âges ténébreux qui ont duré plus de mille ans, commence à la Renaissance et aux 17eme et 18ème siécles à travers une partie de son élite instruite et cultivée à se tourner vers les philosophies antiques et commencera à repenser des rapports politiques qui ne soient plus fondés sur des rapports de force constitués au détriment des faibles et donc fondés sur une domination politique qui reposait sur l’injustice sociale et donc des privilèges contraires à des principes de droit et que l’on veut amender et améliorer.
Cette injustice sociale et politique devient de moins en moins acceptable pour d’abord des philosophes du 17e siécle comme Spinoza en Hollande et Locke en Angleterre et les philosophes français du 18e siècle , Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Condorcet avec sa ‘Réflexion sur l’esclavage des Nègres’ et qui en approfondissent la critique en liant l’injustice et l’inégalite des privilèges aussi à la domination de la religion en France et ils en élargissent le problème jusqu’à l’universalité de tous les hommes car les philosophies antiques en s’appuyant encore en partie sur l’esclavage n’avaient pas pu poser la question pour tous les humains sans exception y compris les femmes. Condorcet en France, Thomas Jefferson et Benjamin Franklin en Amérique du Nord iront jusque-là en rédigeant des constitutions qui proclameront pour la première fois « des droits de l’homme et du citoyen » et « le droit au bonheur des peuples. »
Presque tous ces philosophes et des artistes (David en France) feront référence au fonctionnement de la cité-Etat démocratique antique, notamment aux principes d’égalité, de liberté et de justice mais ils le pousserontjusqu’à cet humanisme universel de la fraternité de tous les peuples , i.e. de tous les habitants de cette planète, égalité et fraternité que nous sommes encore aujourd’hui très loin de vivre hélas.. !
C- DE LA PROCLAMATION DES « PRINCIPES DES DROITS HUMAINS » A LEUR APPLICATION REELLE ET CONCRETE, LE CHEMIN EST PARSEME D’EMBÛCHES ET LE TEMPS S’ALLONGE CAR LE PASSE N’EN FINIT PAS DE PERSISTER DANS LES MENTALITES ANCIENNEMENT STRUCTUREES
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Faire fonctionner réellement, mettre en pratique concrètement égalité politique et donc justice sociale et liberté de principe et faire que le peuple se gouverne soit par lui-même soit par ses délégués le représentant, suppose d’une part un apprentissage, en tous cas un enseignement qu’il s’adresse à lui-mêmeet surtout à ses descendants, ses héritiers politiques pour assurer la continuité démocratique ; cela exige des structures ou institutions concrètes d’enseignement public pour tous et d’autre part une paix sociale et politique pour pouvoir faire fonctionner cet auto-gouvernement du peuple et sa perpétuation à travers ses enfants, ses héritiers politiques par un enseignement public, pour le peuple et non contre lui et qui lui permettraitg de ne pas rester dans l’ignorance passée.
D – ENFIN nous devons nous poser ces questions : après LA CONSTRUCTION ET L’INSTAURATION HISTORIQUE en Europe de ces deux institutions vénérables et respectables, DEMOCRATIE ET PHILOSOPHIE qui ont dû se frayer un chemin plein de difficultés car ELLES ONT ETE ENSUITEEFFACEES de l’histoire puis ont réussi en Occident enfin à réapparaitre sur la scène, nous devons nous demander à quoi elles nous ont déjà servi ?
DIFFERENTES mais profondémént et nécessairement liées dans leur principe – liberté, égalité et liberté de pensée et d’expression, reflexion DONC PLURALISME – LA DEMOCRATIE et LA PHILOSOPHIE sont au moins des étapes de l’humanité et à quoi nous ont-elles fait aboutir sinon au moins à l’instauration de LA LAÏCITE en France et à une tolérance séparant les religions de l’Etat en Occident. Enfin nous demander en lien avec ces 2 précédentes questions QUEL EST L’ENJEU DE LA LAÏCITE ?
Nous pouvons déjà répondre succintement en disant que la laïcité a un DOUBLE ENJEU DE PAIX SOCIALE i.e. CELUI D’UNE CO-EXISTENCE TRANQUILLE entre DIFFERENTES OPINIONS ET CROYANCES ET CELUI DE LA CONTINUITE ET DE LA PERENNITE DE LA DEMOCRATIE AU SEIN DE LA REPUBLIQUE : LA LOI DE 1905, INSTAUREE PAR UN GOUVERNEMENT DE LA III eme REPUBLIQUE déclarant la liberté de conscience et SEPARANT LES RELIGIONS DE L’ETAT, s’est affirmée COMME LAÏCITE harmonieuse .
[ ELLE EST DEVENUE LA SOLUTION ET L’ABOUTISSEMENT EQUILIBRé D’UN PROCESSUS HISTORIQUE DEMOCRATIQUE. – ELLE TIENT COMPTE A LA FOIS DU PRINCIPE DE ‘ LIBERTE DE CONSCIENCE’ – ET ELLE RENFORCE NECESSAIREMENT LA CONTINUITE DE LA DEMOCRATIE ET LA PERENNITE DE LA REPUBLIQUE, I.E. DE L’ETAT, EN ASSURANT UN ENSEIGNEMENT PUBLIC A SES MEMBRES ET AUX ENFANTS DE CEUX-CI ET EN ACCEPTANT LA COEXISTENCE D’UN ENSEIGNEMENT DANS LE PRIVE RESPECTUEUX DES PRINCIPES REPULICAINS POUR UNE AUTRE PARTIE DES DESCENDANTS DE SES MEMBRES. ]
I- LA DEMOCRATIE – SON ORIGINE ET SES DEBUTS
L’origine ou les tout débuts ou noyaux de démocratie, i.e. les tentatives de se gouverner par soi-même n’ont pu se faire que lorsque des hommes se sont dits en eux-mêmes et entre eux : « Si je m’associe à d’autres hommes comme moi, je vais peut-être perdre ma liberté naturelle, personnelle, individuelle, la libre disposition d’aller où je veux et de faire ce que je veux mais je vais y gagner en puissance, en sécurité et une autre 4-
liberté en rapport et mesurée, limitée à l’égalité avec les autres qui s’associerons avec moi et moi avec tous et nous formerons une communauté, une association politique, i.e. une cité qui se dirigera elle-même. Je jouirais ainsi d’une liberté et d’une égalité politiques qui me permettront de ne plus être à la merci fortuite, hasardeuse des rapports naturels du fort au faible et où je risquais de tomber dans l’asservissement et l’esclavage , si je ne réussissais pas à rembourser mes dettes engagées chez des riches propriétaires et des puissants »
Voilà ce qu’aurait pu penser théoriquement, i.e. a priori, un petit paysan grec au 7e et 6e siécle av.J.C avant de tenter l’expérience de s’associer avec d’autres pour mieux se défendre et être plus heureux. Mais vous me direz : « Tout cela est de la théorie, les choses ne se sont pas passeés en réalité comme cela, comme vous le dites, comme vous le pensez ! »
En réalité la construction de la cité-Etat démocratique, i.e. l’instauration d’une association politique d’hommes , fondée sur des principes abstraits , des principes de droits ne s’est pas faite en un jour mais progressivementsur plusieurs siécles.
D’abord de petits villages se sont regroupés en bourgades, puis quelques bourgades sur un territoire plus grand et ont fini par former une cité. Mais au sein de cette cité regroupée et de son territoire élargi, ce sont d’abord les plus puissants et les plus riches – i.e. des féodaux et à leur tête un roi, le chef des chefs – qui dirigent la cité. Ces puissants, ces chefs se donnent le pouvoir de lier les autres hommes sous leur autorité, probablement au moyen de promesses orales puis avec la création de l’écriture phonétique, alphabétique, très pratique, ils lient peut-être leurs paysans, leurs artisans au moyen de pactes et contrats écrits.
Mais dés le début du 7e siècle, vers 700 av.JC. les paysans, et les artisans et petits commerçants ne se satisfont plus de ses liens inégaux de puissants à faibles, de très riches à pauvres qui peuvent les faire tomber du jour au lendemain réellement dans une condition , la pire de toutes, l’esclavage pour dettes. Alors ils commencent à s’organiser entre eux pour remettre en cause les associations inégales et les privilèges des puissants et des riches qui les lient et réclament, exigent de jouir de plus d’égalité et de justice. Cela ne va pas sans mal et des luttes intestines à l’intérieur des cités et notamment de celle d’Athènes se déclarent et n’auront de cesse que jusqu’au moment où la majorité réunie des faibles, des paysans pauvres, des artisans, des petis commerçants et même des grands commerçants qui commercent avec tous les peuples du pourtout de la mer Egée de la Méditerranée et de la Mer Noire et qui entretiennent des relations avec qui ils commercent, très différentes des relations féodales qui ont cours sur le territoire d’Athènes, jusqu’au moment où cette majorité, aidée ici et là par des personnalités sorties des rangs des puissants et des riches et qui comprennent que l’histoire tourne et que la situation ne peut plus rester la même, font allianceavec les révoltés et vont transformer révolutionnairement l’ancienne structure politique de domination. C’est ainsi que certains chefs grecs que les Grecs ont appelé eux-mêmes tyrans se sont alliés aux révoltés, aux revendicateurs pour formuler et écrire des lois qui vont constituer le fond démocratique de la cité-Etat Athènes.
Ainsi Solon archonte vers 594 av.J.C. donnera à Athènes des lois qui serviront de base aux lois de Clisthènequi en 507 institueront et formeront la démocratie à Athènes.
A l’objection qu’on peut faire qu’un homme, qu’un individu du type ‘homo sapiens’ entre 700 et 507 av.J.C. n’ a pu penser et émettre cette idée, ce principe pratique, concret
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qu’une association où il nierait sa liberté naturelle et regagnerait en échange une liberté politiques sur des bases égalitaires avec d’autres hommes dans la même situation, que des hommes aient pu penser à cette époque qu’une telle association était possible, à cette objection on peut toujours retourner que si ces hommes, des Grecs ne l’avaient pas pensée d’abord, elle ne se serait pas réalisée du tout, cette association. La démocratie athénienneinstituée en 507 av.J.C. prouve LE CONTRAIRE. Là où il y a un désir réel, fondé sur une analyse et sur une prise en compte de sa réalité économique et sociale, l’homo-sapiens le réalise, le concrétise même s’il lui faut un temps parfois très long pour y parvenir…
D’ailleurs il est très utile de noter que l’adjectif ‘politique‘ tire son origine en grec du mot ‘polis’ et qui signifie la cité, en tant qu’association. Ainsi lorsque quelqu’un vous dit « je ne fais pas de politique, il ignore totalement sa situation qu’en république, en démocratie, notre venue au monde, et notre existence même sont dès le berceau,‘politiques’ puisque nos ancêtres ont déjà vécu au sein d’une ‘association politique fondamentale d’abord pendant les 10 ans de LA REVOLUTION française de 1789 à 1799 puis pendant les 3 ans de la II ème République puis pendant toute la durée de la III ème république jusqu à maintenant, la Vème où nous-mêmes vivons : être français c’est vivre et exister au moins ‘politiquement’, i.e. au sein de la cité démocratique, Etat de droit et il est préférable de le vivre consciemment qu’inconsciemment et dans l’ignorance de sa situation de membre à part entière de l’association fondamentale qui le/la fait citoyen-ne dès sa naissance avec des droits et des devoirs, s’il/elle est né-e sur le sol français ou s’il/elle choisit la nationalité française !
Nous venon de voir que nous avons vécu à la fin du 18e siécle et épisodiquement au 19e siècle le retour de la démocratie et l’établissement d’une république et que ce n’est qu’enfin en 1873 que nous avons repris définitivement le flambeau de la démocratie antique mais nous allons voir que sans le retour de la philosophie et de la pensée rationnelle nous n’aurions pu l’élargir universellement , c’est à dire abolir l’esclavage et réclamer l’égalité en principe aussi pour les femmes comme Condorcet et Olympe de Gouges l’ont fait . Mais ce n’était encore qu’une théorie loin d’aboutir concrètement.
II- LE RETOUR DE LA PHILOSOPHIE AUX 17e ET 18e SIECLES
Si on ne considère pas les œuvres des philosophes politiques du 17e et 18e siècles en Europe on risque fort de ne pas comprendre en son fond l’instauration légale de la laïcité en 1905. Plus qu’une évolution directe historique, le principe de laïcité s’est déduit peu à peu de premières positions de philosophes du 17e et du 18e siècle et le philosophe politique John Locke est celui qui est au départ de ce chemin difficile qui ménera enfin chez nous à la loi de laicïté en 1905 et également à une séparation des églises et de l’Etat dans les pays ango-saxons et aux Pays-Bas.
Nous avons vu que l’enjeu de la laïcité est d’assurer la paix sociale et civile au sein de l’association politique ou communauté politique ou république.
Pour la compréhension des termes : l’adjectif civil(e) nous venant du latin, signifie en français ce que vit et ce qui agit le/la citoyen-ne en société et en privé de son point de vue particulier alors que l’adjectif ‘politique‘ nous venant du grec signifie ce qui a à faire avec le pouvoir, i.e. le lien fort, constitutionel qui lie les citoyen-nesentre eux pour exercer l’activité publique qu’ils déploient en commun ou par représentation pour organiser et administrer leur Etat de l’intérieur et l’activité de cet Etat en relation aux autres Etats.
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La philosophie politique a fait son retour de l’Antiquité d’abord en Angleterre dans la 2ème partie du 17e siecle parce que la question religieuse en raison de la forte progression du protes-tantisme n’y est pas refouléecomme en France où la religion catholique a su conserver durement sa position dominante à la fois avec l’Etat (le gallicanisme) et à côté de l’Etat avec le pape de Rome
– LOCKE et LA TOLERANCE :
La philosophie politique qu ‘a introduite John Locke se résume principalement à éclaircir et définir les droits, i.e. les principes constitutionels, i.e. pratiques du pouvoir politique et civil d’un côté et du pouvoir religieux de l’autre et leurs limitations respectives.
Pour atteindre ce but Locke créera le concept-principe de tolérance qu’il aura l’idée de déduire d’une division à partir de la notion de biens chez les hommes : les biens matériels et les biens spirituels.
A -SEPARATION DES BIENS MATERIELS ET SPIRITUELS : En effet des hommes se sont rassemblés ou se rassemblent par souci et intelligence de leurs biens individuels et communs , i.e. leur liberté, leur intégrité de corps, leurs possessions, ce que Locke appelle leurs biens matériels, cela signifie pour lui l’association ou communauté politique ( mais qu’il appelle pouvoir civil) : les individus proclament qu’ils font partie d’une même communauté politique, d’une même ‘république’ – d’une même chose publique – c’est à dire constituent un même Etat; mais cela n’implique pas encore, nous dit Locke, que sur le plan des biens spirituels ou croyances, ils vont s’ entendre aussi facilement car en ce domaine qui relève d’un champ qui concerne non seulement la vie mais s’ouvre aussi après la mort, les peurs, les supputations, les suppositions, les conjectures, les croyances les plus diverses, les plus différentes se manifestent et très vite s’affrontent et ou veulent s’imposer aux autres: le fanatisme peut surgir très vite de tous côtés. Il l’a lui-même constaté à ses dépens car il a dû s’exiler en Hollande quand il écrit sa «Lettre sur la tolérance» en 1686 !
B-LIMITATION RECIPROQUE DU POUVOIR CIVIL/ POLITIQUE DU POUVOIR ECCLESIASTIQUE:
Afin d’éviter des heurts violents, des affrontements et autres querelles dûs à des différences de religions et de croyances, Locke prône donc une séparation des biens matériels et des biens spirituels qui pour lui recouvre une limitation respective, réciproque du pouvoir civil – traduisez en français du pouvoir ‘politique, public et judiciaire à la fois- et du pouvoir ecclesiastique, i.e du pouvoir des religions et croyances.
C-SEPARATION INCOMPLETE :
Cette séparation n’est pas complète comme dans notre loi de 1905 : Locke étant chrétien convaincu et croyant en Dieu ne fait pas disparaître vraiment la religion de la sphère publique et ne la relègue pas complètement dans la sphère privée . Une religion peut même se manifester publiquement si elle ne domine ni ne contraint d’autres.
Pourquoi ? Il pense que la religion quelle qu’elle soit – sauf la catholque à l’égard de laquelle évidemment il n’est pas alors tolérant puisqu’elle rejette elle-même toute tolérance vis à vis d’autres croyances qu’elle juge comme des hérésies – est nécessaire à l’existence de la société car pour lui le lien religieux est un lien fondamental qui relie les hommes à Dieu mais du même coup est aussi un lien profondément social et moralentre les hommes 7-
dont l’abandon dans l’incroyance dissoudrait la société et la ferait tomber en ruines. Donc pas d’incroyants, pas d’athées dans la société de Locke.
D- CONTINGENCE D’UNE RELIGION ET LIBERTE DE JUGEMENT :
Locke a élargi par son concept de tolérance la question religieuse à l’adhésion volontaire donc libre de chacun, à sa croyance, i.e. à l’autonomie du jugement de tout individu i.e. à sa capacité propre de juger par soi-même. Cela signifie que l’adhésion forcée à une religion n’a aucun sens, n’a aucune valeur morale ni de vérité.
La religion qu’on vous applique dès le berceau est une contrainte non une adhésion libre et volontaire. Ainsi l’adhésion à une croyance, à une religion est contingente mais pas nécessaire.
Contingente, i.e. est fortuite, faite par hasard selon votre naissance, le pays où vous naissez, vos rencontres, vos pensées, vos lectures etc…
Pour résumer la position de Locke: la religion est nécessaire à la société mais pour obtenir la paix sociale et la co-existence tranquille des différentes religions ou croyances, il faut séparer pouvoir politique et civil du pouvoir ecclesiastique ; l’un et l’autre se respectant et se limitant réciproquement sauf en des cas spéciaux où l’intérêt du droit commun ou du bien public seraient attaqués ou mis en danger ; en ce cas le juge a le devoir de trancher même ce qui ressort du religieux. Mais cette séparation n’est pas totale car la manifestation publique de la religion est possible. Si la loi interdit certaines pratiques, ce n’est pas à cause de leur caractère religieux mais parce qu’elles contreviennent au droit commun. On interdit les sacrifices humains – ce sont des assassinats- ou la mainmise d’une organisation religieuse sur les biens de ses fidèles – c’est une escroquerie et un abus de confiance. On interdira l’excision -c’est une mutilation invalidante, irréversible et sans nécessité thérapeutique alors que la circoncision ne l’est pas plus qu’une scarification rituelle ou qu’un piercing.
On peut résumer la position de la tolérance de Locke par la formule: « Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’une autre.»
E- LA TOLERANCE ELARGIE – Pierre BAYLE (1647, Le Carla -1706 Rotterdam )
Un autre penseur en France, réfugié aux Pays-Bas pour se protéger élargit encore cette pensée, ce concept chez Locke de la contingence de l’adhésion à une religion à la contingence des religions elles-mêmes voire de toute religion. Bayle se pose la question : pourquoi y a -t-il plutôt des religions que pas de religions ? En effet on peut naître sans religion et on peut ne pas se sentir lié nécessairement à une religion et même à aucune. Bayle a poussé à bout les possibilités de raisonnement. Avec lui la raison théorique, argumentative, démonstrative ose revendiquer l’autonomie de la pensée face à la croyance et à la foi. Si Locke a pensé que l’adhésion à une religion est fortuite, pourquoi, nous dit Bayle, ne pourrais-je pas penser que la religion, les religions sont elles mêmes fortuites dans l’existence des hommes?
Ne pourraient-ils pas vivre, exister sans religion ?
On aboutit cette fois à cette autre formule: « Personne n’est tenu à une religion plutôt qu’aucune.»
Mais si nous voulons approcher le principe de la laïcité qui seule tranche le nœud constitué par le lien de l’association politique (civile) et le lien social de la religion, nous 8-
devons reprendre le système de la tolérance de Locke.
Revenons à sa pensée : on doit voir que pour lui le social et le politique ou civil sont liés car il n’y a pas de lien politique, civil sans lien social et et même plus, le lien politique ou civil est du social-commun. Ainsi Locke ne peut concevoir ni société ni association sans lien religieux car selon lui les hommes en sociéte ne peuvent vivre sans religion, sans lien religieux. L’incroyance et l’athéisme sont donc pour lui des points de virulence dans sa conception de la tolérance car l’incroyant refusant toute liaison à une croyance n’est pas suceptibled’adhérer au lien social et donc politique que constitue une ASSOCIATION ou COMMUNAUTE politique, civile.
Pour les pays à tradition de tolérance comme le RoyaumeUni, les Etats-unis d’Amérique et les Pays-Bas la proposition « Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’une autre» est interprétée de façon positive, la normalité sociale est d’ avoir une religion quelle qu’elle soit et la tolérance revient à assurer la co-existence paisible des différentes communautés religieuses au sein d’une même communauté politique. De ce point de vue, l’association politique apparaît alors autant comme une association de communautés -religieuses– que comme une associations d’individus.
Ce que Pierre Bayle va poser, c’est que l’association civile et politique peut être également constituée, vécue et respectée aussi par des individus athées ou incroyants. En effet les incroyants adhèreront d’autant plus aux lois civiles et politiques que leur fragilité et faiblesse de ne pas reposer sur un Dieu ou un lien religieux les pousseront vers ces lois-mêmes.
D- EXCLUSION CHEZ LOCKE :
Locke non seulement ne conçoit pas le lien social et civil sans le lien religieux mais plus fortement encore pensant que le lien religieux est au fondement de tout lien social et civil, ie. politique au sens d’une association ou communauté politique, sa tolérance autorisera différentes religions ou croyances mais exclura fortement les incroyants ou athés car selon lui, ceux-ci n’ayant pas foi en Dieu ne sauraient manifester une confiance en d’autres individus existants et donc ni adhérer à aucun lien social et civil ou politique. Cet ajout à ou précision de la première proposition devient : « Personne n’est tenu de n’avoir aucune religion »
E- SYSTEME ENTIER DE LA TOLERANCE :
On peut dès lors percevoir le système entier de la tolérance élargie, résumé par la synthèse de ces trois propositions qui ont aussi été trois moments dans le progrès de la culture :
1- « Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’une autre »;
2- « Personne n’est tenu de n’avoir aucune religion »;
3- « Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’aucune ».
– F- CONCLUSION: CE SYSTEME COMPLET DE LA TOLERANCE EST INSUFFISANT. A LA FIN DU 18 EME SIECLE IL S’AVERERA NECESSAIRE DE LE DEPASSER.
Ayant vu enfin le système entier de la tolérance, nous comprenons alors rétrospectivement que seule la laïcitésera en mesure de trouver une solution à cette tolérance qui est en elle-même intolérante à l’égard des incroyants et athées car elle considère que les athées rassemblés en un système politique et dont le tissu social est inconsistant et forme une aberration pour Locke- constituraient un Etat dominant qui
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n’accepterait pas les religions ou croyances comme telles. La sagesse de Locke n’était-elle pas éclairante? N’est-ce pas ce qui est arrivé en Urss ?
Mais cette sagesse ne fournissant pas de solution pratique à l’élargissement théorique déductif de Pierre Bayle, comment passer à la solution laïque de 1905 ?
Que P. Bayle ait osé faire le pas de la thèse opposée en partie à celle de la tolérance restreinte de Locke qui n’acceptait pas l’incroyance et donc les incroyants parce que comme athées n’ayant pas de foi, ils n’étaient pas dignes de confiance et que constitués en Etat politique ils seraient aussi intolérants vis à visdes religions comme une certaine religion officielle l’avait été et l’était encore sur le continent à la mort de Locke en 1704 ; que Bayle ait élargi aux incroyants l’association ou communauté politique au sein de laquelle ils obéiraient aux lois parce que selon lui, sans foi et donc sans pouvoir se reposer sur quelqu’un, ils les feraientpour les craindre, tout cela ne résolvait pas encore cette opposition diamétrale de l’exclusion chez Locke et de l’inclusion chez Bayle des croyants et des incroyants.
En effet Bayle après son élargissement de la tolérance ne résoud pas l’inclusion pratique, concrète des incroyants dans une société de croyants et l’inverse et ne propose pas de solution pratique comme un pouvoir vivre ensemble en paix ! Son élargissement reste théorique, fictif bien qu’il nous semble juste. Mais ce faisant il a ouvert dans les esprits un espace plus large permettant l’apparition et l’existence d’opinions autres que religieuses et notamment celles de l’incroyance et de l’athéisme.
C’est déjà l’annonce d’un retour possible à la liberté d’opinions et de débats publics de la société démocratique athénienne!Cependant si on considère que la laïcité avec la loi de 1905 est devenue la solutionà tous les problèmes et obstacles quasi insurmontables dèja posés et reconnus, la question demeurecomment passera-t-on de la tolérance élargie à la Bayle à la laïcité
qui sera la résolution de cet ensemble d’oppositions religieuses plus que moins irréductibles ?
Ce n’est pas Voltaire qui produira une étape vers la solution; car il reprendra les thèses de Locke à propos de l’affaire Calas (1762) mais sans les faire évoluer puisqu’étant croyant il ne dépassera pas la concetion de Bayle.
– G-DECOUVRIR UN ESPACE NEUTRE OU LE CREER
Pour arriver à résoudre ces oppositions religieuses et areligieuses ou de croyances et d’incroyance quasi irréductibles, on vient e le constater, les philosophes du droit politique ou les juristes constitutionnels devronttrouver, même mieux devront créer un espace neutre ou vide dans lequel les différences, les oppositions religieuses et a-religieuses s’annuleront ou disons, se neutraliseront respectivement et réciproquement et pourront enfin se supporter et co-exister pacifiquement.
Prenons un exemple en arithmétique : imaginez-vous la suite des nombres positifs et négatifs comme une ligne droite horizontale . Si vous partez de la droite et y placez les nombres positifs par ex. + 9, + 8, +7, + 6, + 5, + 4, +3, +2, et que vous arrivez à + 1, comment faites-vous pour transformer ces nombres positifs en négatifs ? (silence) Vous inventez un nombre particulier spécial, le zéro, 0 et il vous permet de passer de l’autre côté de la ligne des nombres positifs en les transformant en nombres négatifs .
Qu’est ce nombre 0 si particulier, si spécifique qu’il suffit de le traverser pour qu’il
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transforme les nombres positifs en nombres négatifs ?
C’est une zone spécifique, un espace neutre, créé par un génial esprit mathématicien, un Hindou – et qui n’occupe pas réellement d’espace, un espace fictif donc mais qui pourtant, curieusement, a la propriété particulière de transformer les nombres positifs en leurs exacts contraires, leurs nombres négatifs donc et inversement si vous partez de la gauche avec les nombres négatifs, -9, -8, etc, vous arriverez au zéro, 0 , et en passant au travers de celui-ci, il vous transformera les nombres négatifs en leurs exacts opposés positifs !
Eh bien la loi de laïcité permettra de créer un espace législatif, bref un espace constitutionel commun où les oppositions irréductibles de religions, de croyances et d’incroyance, se neutrali-seront ! Ce vide fictif, cet abîme potentiel a été déjà découvert par un philosophe de droit politique ou constitutionnel J.J. Rousseau. Il a montré dans son livre « Le Contrat social » que ce vide fictif existe et beaucoup de députés révolutionnaires le reprendront déjà dans « La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » en 1789 et surtout Condorcet qui l’avait probablement le mieux senti et repris avec force de Rousseau.
Ce vide fictif ne peut se voir, puisque c’est un vide, un espace vide mais nous le sentons à quelque chose de radicalement nouveau, de solennel qui émane de la formulation du texte même de cette « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen» !
-H – LE CONTRAT SOCIAL OU L’ACTE AUTO-FORMATEUR, AUTO-CONSTITUANT DE NOTRE LIBERTE LEGISLATRICE
Dans le contrat social J.J. Rousseau «nous invite à un parcours» où il tente de nous expliquer
que l’acte fondateur produit en commun par des hommes assemblés n’est pas seulement un échange entre une liberté dite ‘naturelle’- qui ne se prescrivait pas de limites mais qui alors s’exposait et était exposée à de certains dangers et parfois à de véritables périls – et une liberté nouvelle que j’éprouve moi-mêmeégalitairement avec tous les autres et chacun et qui m’assurera une plus grande sécurité et une plus grande jouissance de biens mais que nous devons voir surtout le fait que par cet acte novateur où je me suis dépouillé de mon ancienne liberté, soi disant naturelle, que par cet acte d’aliénation de la liberte de chacun et de tous comme de moi-même et de tout ce qui dépendait d’elle, nous nous sommes métamorphosés d’êtres de la nature que nous étions,- ou d’existants soumis à un état social que nous voulions abolir – ce que l’époque ne permet pas à Rousseau de dire ouvertement !- en citoyen-nes qui par cet acte fondateur faisons, créons librement les lois; cet acte de suspension de ma liberté et de mon état antérieurs et de celle de tous et de chacun, a fait de moi, de nous des législateurs libres.
Ce que nous devons souligner ici, c’est que cet acte à la fois libérateur et transformateur n’a pu et ne peut s’opérer, s’effectuer que dans et par ce vide fictif, abstrait de la pensée, de la volonté qui précédant le moment du basculement réel de l’histoire des hommes, des individus et des sociétés est à l’origine dans notre pensée, dans notre conscience de tout changement, de toute métamor-phose et dans l’individu et dans les peuples. Rousseau l’a senti, pensé, compris et formulé aussi clairement pour la 1ère fois en 1762.
-I- MANQUER LA LAÏCITE A CAUSE DU LIEN RELIGIEUX OU DE CROYANCE CHEZ ROUSSEAU [ ET PAR LA SUITE CHEZ LES REVOLUTIONNAIRES ET LES REPUBLICAINS ]
Nous pouvons anticiper sur notre dernière partie : Ce vide fictif, abstrait, est loin 11-
d’être un echec, une faille dans la loi, un trou dans la Constitution – ou alors il est un trou noir qui a une capacité, une puissance gigantesque qui transforme tout !- Il est au contraire une ressource fondamentale, et de principe qui permettra à la loi de laïcité de pouvoir absorber toute nouvelle religion qui s’inviterait dans la République mais qui voudrait envahir l’espace public.
En effet cet espace neutre ou vide fictif qui précède par son vide – car les hommes, les individus ont voulu faire le vide!) qui précède par son vide l’acte fondateur ou constitutionel par lequel les individus formant peuple se proclament libres et uns et indivisibles dans leur unité, i. e. se déclarent être le vrai souverain et qu’à son tourl’acte fondateur crée, renforce et perpétue en s’ extériorisant en la chose publique ou République est le même qui ‘rend possible l’éclosion réelle de la liberté de conscience et ne fait pas d’elle un fantôme mais une réalité concrète que les rois, les dictateurs, tous ceux qui n’hésitent pas à exercer la répression des individus et des peuples, désirent chasser et poursuivre inlassablement. (On ne voit pas plus la liberté que ce vide ficitif, abstrait de la pensée à l’origine de l’association politique mais on en voit des manifestations, des expressions pratiques concrètes qui se sont exprimées comme al liberté de l’expression de la parole ,de l’écrit, de la presse, de circuler , d’être propriétaire etc…
Mais Rousseau ce vide fictif, cette forme invisible car si ce vide dans la pensée, ce moment de suspensionfait que dans et par l’acte où des individus, des hommes rassemblés en peuple suspendent leurs anciens liens soi-disant naturels (et aussi surtout sociaux – cela Rouseau se garde bien de le dire car cela pourrait le conduire à la Bastille, ne l’oublions pas!)- pour retrouver une liberté nouvelle qui change de mode, i.e. qui devient universelle car elle, les fait tous et chacun également législateurs, i.e. faisant, créant LA LOI et la respectant autant pour tous que pour chacun, donc aussi pour moi-même, Rousseau pourtant ne peut penserjusqu’au bout ce vide abstrait, ce vide fictif car étant croyant lui-même, il ne peut suspendre au fond de lui-même le lien de croyance et il fait ou suppose que chaque individu, transformé en citoyen, doit vivre un lien de croyance, un lien de foi pour perpétuer l’association politique, la république.
Dans cet acte fondateur Rousseaul y a bien suspendu et fait suspendre aux individus l’ancien lien naturel et en tous cas social ancien pour créer ce nouveau lien d’association politique, générateur d’une nouvelle liberté, par là d’un nouveau monde mais il n’a pu aller jusqu’au bout de sa pensée pour penser cet espace totalement vide, ce vide fictif, cette forme vide qui n’a donc pas encore acquis sa puissance totalement neutralisante comme le zéro dans la suite des nombres positifs et négatifs et qui donnera à la laïcité toute sa profondeu, son extension et sa puissance législatrice.
– J – CONCLUSION DE L’APPORT DES PHILOSOPHES DU DROIT POLITIQUE AUX 17 ET 18EME SIECLES:
Nous venons de voir jusqu’où la pensée philosophique des Locke, Bayle, nous a mené : à la tolérance et à son élargissement, à une émancipation de la raison sur la croyance, à une autonomie de la raison aussi chez Rousseau qui a su créer ce moment abstrait, qui comprend, contient la nécessité d’un vide abstrait, imaginatif pour pouvoir opérer, effectuer une abolition, alors qu’il ne faudrait au plan des croyance et de l’incroyance que neutraliser, suspendre ces différents liens de croyances et d’incroyance dans ce vide qui existe à la fois dans les consciences avant tout choix ( c’est la liberté de conscience) et créer un espace videpour la loi de l’Etat, de la République, une fois qu’on 12–
aura compris son existence (de cet espace vide, de cet abîme comme condition de toutes les options et croyances possibles à condition qu’on en fasse un espace de séparation entre la sphère privée des croyances , des religions, des cultes et de la non-croyance et la sphère publique de l’Etat, de la République, de ses lois, de son champ extensible pour pouvoir légiférer et des ses possessions. Il reviendra seulement aux législateurs républicains du début du 20ème siècle de résoudre ce problème, cette questionqui a envenimé au cours du 19eme siècle toutes les luttes sociales et politiques.
III – LA LAÏCITE QU’EST-CE QUE LA LAÏCITE ?
-A- LA LAÏCITE EST UNE REPONSE ET UNE SOLUTION A UN PROBLEME, A DES DIFFICULTES POSES A L’ASSOCATION POLITIQUE – QUI EST LE SOUVERAIN VIVANT, TOUJOURS ACTUEL ET QUI FORME LA REPUBLIQUE ET SON ETAT AVEC SON TERRITOIRE ET SES BIENS COMMUNS-.
C’est une réponse légale aux problèmes politiques et pratiques, concrets qui se sont posés depuis la Révoltuion de 1789 aux députés, réprésentants du peuple français et à leurs gouvernants. Ces problèmespolitiques et sociaux ont continué tout au long du 19ème siècle et ont pris souvent des formes très dures et parfois violentes , i.e. des difficultés qui se sont expirimées
par et dans des luttes sociales et politiques.
Mais cette réponse historique ne nous pose ni nous éclaire le problème dont la laïcité a été l’enjeu et la solution et espèrons qu’elle la restera.
La laïcité devait et doit toujours être une réponse pour régler paisiblement la cohabitation et la coexistenced’options très différentes et qui peuvent entrer en co-ercition, en affrontements, même violents, ces options diverses étant formées de différentes religions ou croyances et aussi de celle de la non-croyance. Le propre d‘une religion monothéiste, c’est d’être un dogme qui prétend connaître la vérité et peut facilement s’affronter à d’autres religions ou croyances qui prétendent connaître aussi la vérité. Vérité contre vérité et tous les fanatismes peuvent mettre très vite les choses, i.e les vivants à feu et à sang ! –
B- QUEL ETAIT LE PROBLEME? QUEL EST TOUJOURS LE PROBLEME?
Deux choses vont empêcher les gouvernements révolutionnaires et républicains de formuler et de créer la loi laïque et de faire vivre à la Nation la laïcité pendant la Révoltutout et tout le 19ème siècle, en sus de la tolérence élargie qui n’a pu s’appliquer en France à partir de la Révolution qu’en partie avec les Juifs et les protestants :
1- c’est la religion catholique qui refusait absolument de quiiter et donc de perdre sa position dominante, officielle qui lui octroyait une position politique publique qu’elle manifestait grandement et fortement et voulait continuer à manifester d’autant plus qu’elle se donnait en charge toute l’instruction et tout l’enseignement des personnes et des familles, en sus de cette tolérance élargie peu appllquée ;
2- Les Révolutionnaires, même les plus déterminés comme les Jacobins étant quasiment tous chrétiens ne voulaient pas se couper du peuple en le privant de religion mais pensaient qu’en officialisant la religion, i.e, en créant une religion civique donc dans la sphère publique, ils rassureraient les Français et stabiliseraient la République, l’association
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politique nouvellement crée ! Ce fut là une grande erreur et les Républicains l’ont reproduite au 19 eme siècle, nont pas réussi à calmer les esprits et la lutte avec l’église catholiquesoumise au pape de Rome n’a cessé de s’opposer farouchement à toute tentative d’encadrer publiquement les religions.
– C-LA LAÏCITE, CE SONT TROIS ACTES POLITIQUES QUI SERONT DES LOIS
La laïcité signifie, exige en réponse à ce comportement dominateur, intolérant de l‘eglise catholique et de son pouvoir en matière d’enseignement 3 ACTIONS :
-1- l’abstention absolue de la puissance publique en matière de croyance ou d’incroyance – exclusion d’une religion officielle, même civile. L’article 4 de la loi de Séparation de 1905 retire à la religion catholique son pouvoir de demeurer la religion officielle dans la nation; il privatise l’institution religieuse en donnant une forme associative aux religions dans l’espace public, le choix des croyances est renvoyé dans la sphère privée et la liberté de conscience est ainsi assurée.
– 2- l’exclusion des commautés – qu’elles soient confessionnelles ou non- de la formation de la loi; la loi ne pouvant émaner que des individus-citoyens constitués en représentation générale. (Assemblée nationale)
– 3- La Nécessité d’un enseignement public laïque
La laïcité a donc été sous la forme d’une loi, celle de 1905, la solution juste et calibrée qui a répondu à ce problème crucial et déterminé :
« Comment trouver un lien, i.e. une LOI qui lierait – car la loi nous lie tous – tous les citoyen-nes qui se divisent, se sentant pour une partie, certains liés à un lien religieux ou de croyance mais différents et pour une autre partie certains autres liés à une position de non-croyance et cela sans réprimer aucun DES INDIVIDUS -citoyens qui relèvent de ces liens ou options différentes ? »
En bref la laïcité était la solution, la réponse à ce problème plus général :
« Comment ASSURER la liberté de choix , i.e. garantir par la loi, la liberté de conscience de chaque individu au sein de l’Etat, la République dont le peuple rassemblé forme et est le souverain de manière à ce que ce souverain, cette association d’individus-citoyens ne se délie, ne se décompose pas ? »
Formulé encore plus essentiellement :
» Comment penser un lien qui se constitue par la suspension de tout lien religieux ou de non-croyance dans la sphère publique ?
Le problème reste d’actualité car l’association politique reste toujours ouverte par l’universalité qu’elle formuleet exige, à de nouveaux associés entrants . Maintenir actuelle et vivante la laïcité dans notre république, c’est refuser la formation moléculaire de communautés qui voudraient s’arroger le droit légitime de légiférer et c’est défendre clairement et d’une façon déterminée visible et audible par tous les citoyens, l’atomisme des indivus seuls aptes en représentation générale à formuler la loi pour chacun et pour tous les citoyens
D- FORMATION DU CORPS POLITIQUE OU L’ASSOCIATION SOUVERAINE ET SA CONTINUITE, SA PERENNITE
Comprendre vraiment le corps politique dans son essence, dans sa structure, c’est percevoir le moment de sa formation que déjà nous avons vu présenté et décrit par JJ. Rousseau dans son livre ‘Le contrat social’. Il nous décrit le moment de sa formation par 14-
l’apparition, le surgissement nécessaire – dans la conscience – mais en même temps dans un temps réel d’un moment abstrait, imaginaire, fictif, une sorte de vide -appelons le comme nous voulons mais ne nous disons pas nous-mêmes parfois « J’ai besoin de faire le vide» ? Une sorte de vide donc dont les individus en s’associant ont eu besoin pour se dépouiller de leur ancien état naturel, pour effectuer le passage d’une liberté naturelle ancienne à une liberté nouvelle et égalitaire qui leur assurerait une plus grande jouissance de biens nouveaux, seulement limitée et mesurée à la liberté de tous les autres citoyen-nes associés et une plus grande puissance et sécurité ?
Mais il fallait aussi après la formation du corps politiique formé en république penser aussi à assurer la continuité, la perennite de cette association, de ce corps politique constitué en chose publique, en république ; comment ?
« Le corps politique constitué en république ne peut se prolonger qu’en se réactualisant sans cesse, i.e en se réactivant esthétiquement et moralement dans la durée » Que veut dire Rousseau ? Cela signifie que les citoyen-nes doivent ressentir en leur cœur un lien sacré, un lien de foi qui les relie tous ensemble -on retourne, retombe ici à Locke – et ils doivent aussi ressentir également dans leur cœur et garder à l’espritjustice et vertu pour assurer leur bonheur et leur continuité.
En pensant ainsi Rousseau par cette conversion du lien politique fondateur en lien religieux influencera considérablement les débats des Révolutionnaires de 1789 à 1799 qu’ils mèneront pendant ces 10 années à propos des fêtes nationales et de représentations imaginées et imaginaires consacrant et mettant en scènel’association politique, i.e. le corps public de la République et cela en présence et partout de l’Etre suprême (Sous les auspices de l’Être suprême).
Robespierre et Condorcet atteindront un point culminant dans ce débat, le premier pour Rousseau,Condorcet , plus modéré, moins fusionnel a mieux saisi ce vide fictif, abstrait, nécessaire grâce auquel on pouvait produire une loi, i.e un lien qui nsuspendant tout lien de croyance ou toute position d’incroyance dans un espace universel, quasi infini- Condorcet était entre autres mathématicien- saurait et pourrait les faire cohabiter, les faire co-exister en paix.
Hélas Condorcet, mis en état d’arrestation en juillet 1793 est mort au printemps 1794 et sa position extrêmement en avance sur son époque n’a pu être adoptée ! Et pourtant dans ce haut moment de pensée de Condorcet nous venons de voir exprimé le problème et la solution de la laïcité qui exige un espace abstrait, fictif , imaginaire et réel à la fois, cette forme vide afin que la loi puisse garantir et garantisse effectivement la co-existence, la cohabitation dans la république de toutes les options, de tous les liens de croyance et de non-croyance.
IV – LA LAÏCITE ET L’ECOLE PUBLIQUE La laïcité est fortement liée à une pensée et à une exigence de l’instruction et de l’enseignement publiques des futurs citoyen-nes; elle est séparés des croyances religieuses.
C’est Condorcet qui dans »Cinq mémoires sur l’instruction publique » ( 1792) ( et dans ‘Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique) a posé déjà clairement les bases d’une laïcité qui commencera seulement à être appliquée rigoureusement avec la loi de Jules Ferry de 1881 sur l’instruction primaire 14-
publique et gratuite pour garçons et filles et qui se concrétisera encore plus avec la loi de 1905 (Un inventaire des biens matériels en France de l’église catholique est fait et ses bâtiments servant aux écoles catholiques sont réquisitionés)
– LA LAÏCITE DE L’ECOLE PUBLIQUE EST UN MOYEN D’ASSURER LA CONTINUITE DU CORPS SOCIAL ET POLITIQUE DE LA REPUBLIQUE
– A- L’INSTRUCTION POUR MAINTENIR L’EGALITE DES DROITS
Pour Condorcet l’instruction publique est nécessaire pour assurer et maintenir l’egalité des droits des citoyen/nes et combattre l’inégalité due à des différences de classes et de sexes. Maintenir l’égalité est un des ressorts pour prolonger l‘asssociation politique, pour perenniser le corps politique nouvellement créé.
– B- L’INSTRUCTION : SE DONNER DES LUMIERES POUR LEGIFERER ET S’AUTO-GOUVERNER OU GOUVERNER PAR DES REPRESENTANTS QU’ON A ELUS
Que ferait un peuple – ‘laos’ en grec signifie peuple– législateur lui-même et pour lui-même, s’il ne trouvait en lui-même les lumières nécessaires à son auto-gouvernement et à sa préservation comme corps politique, souverain solitaire, seul possesseur de l’Etat et de ses territoires qu’il doit administrer et seul négociateur avec les autres Etats ? Ccomment éviter l’erreur ? Il sombrerait par ignorance dans l’erreur, la corruption et la dissolution et retomberait vite dans les mains de tyrans ou de ses vieux maîtres !
-C- PROTEGER L’INSTRUCTION PUBLIQUE PAR LA LOI de telle façon qu’on puisse la rendreindépendante des pouvoirs. Il faudra donc mettre l’instruction à l’abri des groupes de pression.
– C- REFUS D’UN ENSEIGNEMENT DOGMATIQUE
Condorcet refuse une instruction qui soit un dogme officiel d’Etat. L’enseignement doit être de nature philosophique; i.e. elle doit être fondée sur la découverte et l’appren-tissage d’un savoir raisonné reposantsur le raisonnement, l’argumentation rationnelle et sur l’expérience qui comme en science permet de vérifier les connaissances et les hypothèses.
– D- RECRUTEMENT ET FORMATION DES MAITRES – En ce sens l’enseignement public procédera au recrutement des maîtres en privilégiant leurs compétences disciplinaires (Nous y sommes toujours hélas sans nous préoccuper suffisament de leurs qualités pédagogiques et sociales)
– Il y aura des écoles spéciales les formant : les écoles normales
-E- L’enseignement doit développer les aptitudes diverses de chaque élève de manière à ce que cela serve plus tard dans l’exercice et l’amélioration des professiosn l’intérêt général et publique
– F- CONCURRENCE D’ECOLES PRIVEES Condorcet très tolérant et libéral, précédant la loi de 1905, pour éviter que l’enseignement public ne s’endorme et devienne à la longue médiocre proposait l’existence parallèle d’écoles privées qui par leur concurrence ferait réagir postivement l’école publique.
On pourrait continuer encore longtemps les recommandations pertinentes et extrêmement novatrices et de ce philosophe et mathématicien, précurseur de génie sans parler de son livre en 1781 de »Réflexions sur l’esclavage des Négres » … où il prône l’abolition pure et simple !
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II- DANS ET SUR LES PAS DE CONDORCET
-A- LA LAÏCITE EN FRANCE A TOUJOURS ETE LIEE A L’INSITUTTION DE L’ECOLE PUBLIQUE
Influencés par Condorcet, les républicains de la IIIe République qui ont fondé l’école publique primaire intégrale, i.e pour la 1ère fois s’adressant à tous les garçons et toutes les filles, l’ont liée étroitement,immédiatement à la laïcité bien que l’église catholique essayât d’intervenir par son enseignement religieux et de vouloir l’imposer encore dans l’école publique.
Ce mot nouveau de ‘laïcité’- venant du mot grec ‘laos’ et signifiant ‘peuple’- Ferdinand Buisson, autre fervent promoteur de l’école publique laïque l‘a créé et inscrit dans son ‘Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire’ en 1888 à l’usage de l’école laïque, primaire, obligatoire et gratuite, instituée par la loi en mars1882 de Jules Ferry.
Dans sa lettre aux institueurs de novembre 1883 J.Ferry rappelle d’une part le principe de laïcité et en l’appliquanr plus particulièrement à l’enseignement civique et moral et d’autre part il insiste pour que l’enseignement de tout dogme particulier soit soigneusement évité. Chose facile à dire, autrement plus difficile à mettre en pratique !
-B- DEVOIR DE RESERVE DES ENSEIGNANTS
Chose facile à dire … car on voit aisément que les enseignants pourraient tomber facilement dans ce paradoxe de faire de l’enseignement un dogme d’Etat ne favorisant pas chez les élèves l’apprentissage de l’autonomie de jugement qui prépare à la liberté de penser … C’est pour cette raison que les enseignants,adultes-citoyen-nes placés devant des élèves qui, eux ne sont ni encore adultes ni citoyen-nes sont appelés à un devoir de réserve vis à vis d’eux.
C- DEVOIR RECIPROQUE DE RESERVE DES ELEVES
Alors que les enseignants comme citoyens vivent dans une association politique fondée sur le suffrage universel où la loi n’a pas le droit de parler de tout et où elle a particulièrement le devoir de mettre des bornes à l’autorité publique et donc à sa propre extension (ce qui a manqué et manque d’une manière flagrante dans les pays totalitaires) notamment dans des domaines que nous venons de parler tout au long de cette conférence, religions, cultes, croyances et non-croyances, si l’idée d’instruire les futurs citoyens/nes est soutenable et souhaitable, une école confiée à la puissance publique ne va pas de soi et les élèves ne jouissant pas encore de leurs droits de citoyens sont aussi appelés voire rappelés à la réserve – comme la loi de 2004 l’a rappelé. Cela devrait donner et donne le gage, la garantie d‘une école apaisée comme la laïcité en général l’a procurée à la société.
–D- LES EFFETS BENEFIQUES ET HISTORIQUES DE LA LOI DE SEPARATION DES sEGLISES ET DE L’ETAT
En tous cas la loi de séparation de 1905 pour les membres de la commission parlementaire qui s’y consacrèrent presque 3 ans- il fut très difficile de trouver son équilibre- a eu à la longue par son pacte laïque avec la société civile « a eu pour effet de laïciser davantage la nation que l’Etat déjà largementlaïque.
L’enjeu de cette loi de 1905 qui interdisait enfin, après plus d’un siécle, à l’Etat le rôle de religion civique et officielle. En voulant faire jouer ce rôle de religion officielle à l’Etat depuis la Révolution et pendant plusieurs périodes au cours du 19e siécle, les gouver-
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nants républicains avaient fait hélas de l’Etat le concurrent direct de l’eglise catholique qu’elle ne pouvait accepter. L’enjeu de cette loi qui était la cohabitation et la co-existence paisible et harmonieuse de la société et de son corps politique furent peu à peu atteints malgré de fort remous et des oppositions encore vives de la part de l’Eglise catholique intérieure et de Rome ( le pape Pie XI)- l’épisode de l’Union sacrée de la grande guerre mis à part-. Des négociations avec le Vatican se conclurent en 1921 pour établir des associatiuons diocésaines – administration par un conseil de 5 membres, élus sur une liste de huit et dont l’évèque est le président de droit. Le Conseil d’Etat en 1923 estima le projet conforme à la loi française et le pape Pie XI l’entérina par une encyclique.
– CONCLUSION
Ainsi nous voyons que la laïcité est une réussite de la démocratie et de la philosophie prce qu’elle est l’aboutissement et la synthèse d’un long parcours républicain propre à notre histoire française et aussi européenne. Mais nous devons veiller à défendre son modèle classique mis en place donc en 1905 et qui respecte l’individu, chaque individu dans sa singularité, dans son «je ne suis pas comme le reste des hommes» et qui a la liberté de croire et de choisir le lien religieux qu’il préfère, son culte ou la liberté de ne pas croire . Nous devons défendre son modèle pour refuser un autre modèle dont la tendance est forte en ce moment et qui nous vient des pays qui reconnaissent autant les communautes diverses (religieuses et non-religieuses, minorités etc) que les individus avec leur singularité.
Avec notre laïcite et notre association politique générale, commune, nous ne reconnaissons que les individuset la minorité exprimée par le suffrage universel tandis que les minorités qui se formfAITent en communautés risquent de faire éclater et de défaire notre association politique commune, ce corps politique qui est la république.
Sources bibliographiques:
1- j’ai consulté pour la partie démocratie (démocratique antique), Claude Mossé « Politique et société en Grèce antique»; Aubier, 1995, réedition, Champs/Flammarion; août1999 ;
2- Pour la construction progressive par les philosophes du 17e et 18e siècles de la notion de laïcité, je me suis inspiré du livre de Catherine Kintzler, « Qu’est-ce que la laïcité?», in collection ‘Les chemins philosophiques’, édit. Vrin, réimp. 2014;
3- Pour l’histoire de la laïcité en France, j’ai trouvé une aide précieuse en Jean Baubérot, «Histoire de la laïcité en France», Puf, 2000, réimpr., en ‘Que sais-je?’, 2015.
Fait, rédigé et termine le 6 avril 2022.
André Douvier


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